Nous entrons dans notre septième lune: j’ai des limites !
En ces temps troubles, il devient particulièrement important de ressentir nos limites, de les affirmer, de les défendre. Mettre de bonnes limites est la marque de l’adulte mature, capable, réfléchi.
L’apprentissage des limites
Au fur et à mesure que l’enfant prend conscience de son corps, de ses habiletés motrices, sociales ou intellectuelles, il découvre aussi ses limites. Elles déterminent son espace vital personnel, ses capacités réelles, ses besoins, et révèlent ses vulnérabilités, ses sensibilités et ses failles. Telle enfant court plus vite, telle autre dessine moins bien que lui.
C’est l’âge de la raison et de la comparaison et donc le moment où commence la pression sociale: performance, conformité, compétitivité, collaboration etc. Et comme notre cerveau apprend à travers les différences (chaud-froid, droite-gauche, plaisir-déplaisir, haut-bas etc), nous sommes particulièrement sensibles à ce qui nous rapproche ou nous sépare des autres.
L’enfant se compare et est comparée. Comparée à ses frères et sœurs ou ses camarades de classe. Il lui faut maintenant apprendre ce qui lui plaît, ce qui est bon pour lui ou elle et jusqu’où on peut aller sans s’attirer les foudres des conventions, des attentes, de la pression du groupe.
L’apprentissage des limites est essentielle au bon développement d’une personne et si certaines limites sont culturelles, cultuelles ou sociales, certaines sont tout à fait personnelles. Les limites de notre corps, de notre intimité, le besoin d’un espace personnel et réservé en font partie. L’enfant partage des moments secrets (et sacré) avec des ami(e)s par exemple, loin du regard des parents ou des adultes; ou bien seule avec elle-même, dans un jeu imaginaire qu’elle ne partagera peut-être pas. Le monde intérieur se développe et avec lui, la nécessité d’en garder une partie pour soi. C’est le jardin secret que parfois les parents ont du mal à respecter. Certains tolèrent mal cet espace où ils ne peuvent pénétrer. Ils ont à apprendre à laisser, tranquillement, ‘leurs’ enfants grandir en dehors d’eux.
L’enfant de cet âge a besoin que l’on respecte ses limites, que ces frontières établies ne soient pas franchies.
Cela lui permettra ainsi de mieux se connaître et surtout de mieux se défendre et ainsi se sentir en sécurité.
Malheureusement, il est rare que l’enfant soit respecté(e) dans ses limites.
Les adultes trouvent dérangeant qu’un enfant refuse de faire une tâche, n’obéisse pas à une instruction, n’embrasse pas sa tante, ne veuille pas parler de sa journée, ne reste pas assis sur sa chaise, ait faim en dehors des repas ou envie de faire pipi maintenant alors que nous venons de prendre la route…
Chaque fois que l’on force un enfant, car nous ne voulons pas faire l’effort d’obtenir sa collaboration par une compréhension des besoins ou des peurs sous-jacentes à ses refus, par une discussion sans mensonge de notre part, l’enfant perd un peu plus de lui-même. L’enfant n’est pas dupe. Il a ses propres sensations et sait quand on lui ment, quand on veut le forcer sans raison, simplement parce que l’adulte veut avoir le dessus.
Quand une situation trouble ne lui convient pas (je n’aime pas embrasser mon oncle, il est bizarre…), l’enfant ressent dans son corps l’incohérence, la coercition, et le jugement des adultes, même quand elle ne sait pas l’expliquer.
Ne pas respecter les limites de l’enfant, c’est le briser petit à petit. Oh, il sera plus docile (peut-être), mais il ne saura plus qui il est; ce qui est bon pour lui, ce qui est contraire à ses sentiments.
Elle aura de la difficulté à s’affirmer, à combler ses besoins, à s’autonomiser réellement, à suivre son chemin singulier.
Il sera plus conforme, sûrement, mais aura perdu de sa créativité, de son unicité. Il semblera respecter les règles, mais à quel prix intérieur?
Ils risqueront de simplement reproduire les comportements que l’on attend d’eux et d’elles avec une âme meurtrie…
Pendant ce mois-ci, prenez le temps de renouer avec vos limites. Vérifier lesquelles sont encore d’actualité et lesquelles ne sont plus nécessaire.
Prenez le temps de voir où vos fontières sont devenues des murs, inflexibles, infranchissables et qui vous en enfermen en vous donnant l’impression de vous protéger.
Savez-vous encore toucher à votre vulnérabilité? La partager?
Meilleures sont vos limites, moins vous aurez peur de vous dévoiler.
C’est notre sécurité affective intérieure qui est la garante de notre capacité à être réellement intime et proche avec l’autre.

Connaissez-vous vos limites ?
Nos limites sont comme les pierres qui entourent le rond de feu: elles permettent de contenir les flammes mais aussi de les élever vers l’esprit. Ainsi, nous trouvons ou retrouvons notre dignité, notre verticalité, notre grandeur.
Voyez comment vous répondez aux questions suivantes, prenez le temps de réfléchir. Peut-être que vous ne connaissez pas (bien) vos limites et donc qu’elles n’ont probablement pas été respectées quand vous étiez enfant…et qu’aujourd’hui encore vos limites peuvent être envahies, vos frontières non respectées, votre être plus facilement blessé.
Savez-vous quand vous avez faim? Soif?
Répondez-vous rapidement au besoin d’uriner?
Respectez-vous vos limites corporelles? Émotionnelles? Mentales? Spirituelles?
Êtes-vous capable de refuser quelque chose (une invitation par exemple, ou une trop grosse charge de travail) sans vous sentir obligé(e) de justifier votre refus?
Vous sentez-vous facilement coupable?
Avez-vous peur du jugement des autres?
Craignez-vous la différence?
Êtes-vous capable de demander de l’aide quand vous en avez besoin ?
Savez-vous quand il faut demander de l’aide?
Êtes-vous capable de repousser les avances de quelqu’un qui ne vous plait pas?
Savez-vous reconnaître l’envahissement? La manipulation? La coercition?
Êtes-vous capable de savoir qui vous plaît ? (et non pas vous préoccuper de à qui vous plaisez…)
Savez-vous quand c’est le temps pour vous de vous reposer ?
Connaissez-vous vos forces?
Reconnaissez-vous vos failles?
Y-a-t-ils des espaces créatifs dans vos vies?
Savez-vous ce que vous aimez?
Savez-vous garder un secret?
Êtes-vous capable de prendre soin de votre jardin secret?
Vous sentez-vous au contraire, obligé(e) de tout dire?
Ressentez-vous souvent de la confusion? de l’incertitude? de la difficulté à oser vous mettre en action?
Et il y en aurait bien d’autres…